Les millésimes se suivent et se ressemblent : en 2024 comme en 2025 le vignoble français voit son potentiel de production chuter et le risque de ne plus avoir d'interlocuteurs gouvernementaux augmenter. La capacité de résilience du vignoble arrive-t-elle à ses limites ?
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Le vignoble français a toujours fait preuve d'une grande résilience, mais aujourd'hui nous touchons une limite. Les aléas climatiques se répètent avec une intensité inédite, et nos vignerons et nos AOC doivent gérer en parallèle une baisse de consommation structurelle et un manque de perspectives politiques claires. On ne peut pas éternellement demander au vignoble de "tenir" sans accompagnement adapté. La résilience n'est pas une ressource infinie : elle suppose que l'État et l'Europe soient des partenaires solides.
Nous avons eu des premiers signaux positifs au niveau européen avec un paquet vin ambitieux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut que le ministère de l'Agriculture français soit au rendez-vous avec un fort accompagnement financier pour rééquilibrer offre et demande, mais également une visibilité du cadre réglementaire : pour investir, pour se projeter sur les marchés, nos vignerons ont besoin de sérénité. Cela passe par un plan pluriannuel de la réglementation environnementale avec des principes forts réaffirmés : "pas d'interdiction sans solution", de la concertation dans l'élaboration de la norme et surtout une prise en compte des nombreux efforts déjà réalisés par la profession.
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La petite récolte qui s'annonce pourrait rééquilibrer certains marchés, comme les vins blancs : est-ce un nouvel échec collectif que ce soit le climat qui régule l'offre et la demande, mais pas la relance de la consommation ou le pilotage de la production ?
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Il ne faut pas se satisfaire de ce type d'équilibre "par défaut". Que ce soit la météo qui joue le rôle de régulateur du marché traduit bien un échec collectif. Cet échec collectif se répercute ensuite sur la trésorerie de nos exploitations et la santé économique de nos vignobles. Notre responsabilité est de retrouver une capacité à piloter la production et à stimuler la consommation, notamment via la montée en gamme, la valorisation des terroirs et la reconquête des jeunes consommateurs. Nous y travaillons collectivement avec l'ensemble des organisations du monde viticole, via un plan de filière national. Il est urgent de poursuivre les débats et de matérialiser nos engagements.
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"Que ce soit la météo qui joue le rôle de régulateur du marché traduit bien un échec collectif."
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Pour assurer la rémunération des vins, des outils sont identifiés, comme la loi Egalim 4, les Organisations de Producteurs (OP) ou le levier 172 ter de l'OCM vin, mais aucun n'avance concrètement. Quels sont les points de blocage ?
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J'aimerais déjà rappeler qu'il existe de nombreux outils développés par la filière et dans la main des vignerons qui sont utilisés et qui font leur preuve, comme la limitation des plantations, les rendements, les Volumes Complémentaires/Substituables Individuels (VCI/VSI) ou encore les outils interprofessionnels. Nous nous intéressons maintenant de plus en plus à la régulation de l'offre, pour pallier les problématiques de marché. La loi Egalim 4 a fait l'objet d'un travail avec le gouvernement, il est maintenant nécessaire de trouver un véhicule législatif et de l'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée. En ce qui concerne l'Organisation de Producteurs, l'ambition de concentrer l'offre pour plus peser sur les marchés et rééquilibrer les relations commerciales. Cela ne coûte rien à l'État, il ne manque qu'un décret d'application. Le ministère de l'Agriculture n'a toujours pas répondu aux sollicitations de la filière, ce qui est incompréhensible dans un contexte de crise viticole. L'article 172 ter est LA priorité de la CNAOC. Les réflexions sont en cours au niveau de trois interprofessions et nous avons bon espoir d'aboutir sur des prix d'orientation dès la rentrée 2026
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Les millésimes se suivent et se ressemblent : en 2024 comme en 2025 le vignoble français voit son potentiel de production chuter et le risque de ne plus avoir d'interlocuteurs gouvernementaux augmenter. La capacité de résilience du vignoble arrive-t-elle à ses limites ?
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Le vignoble français a toujours fait preuve d'une grande résilience, mais aujourd'hui nous touchons une limite. Les aléas climatiques se répètent avec une intensité inédite, et nos vignerons et nos AOC doivent gérer en parallèle une baisse de consommation structurelle et un manque de perspectives politiques claires. On ne peut pas éternellement demander au vignoble de "tenir" sans accompagnement adapté. La résilience n'est pas une ressource infinie : elle suppose que l'État et l'Europe soient des partenaires solides.
Nous avons eu des premiers signaux positifs au niveau européen avec un paquet vin ambitieux, mais ce n'est pas suffisant. Il faut que le ministère de l'Agriculture français soit au rendez-vous avec un fort accompagnement financier pour rééquilibrer offre et demande, mais également une visibilité du cadre réglementaire : pour investir, pour se projeter sur les marchés, nos vignerons ont besoin de sérénité. Cela passe par un plan pluriannuel de la réglementation environnementale avec des principes forts réaffirmés : "pas d'interdiction sans solution", de la concertation dans l'élaboration de la norme et surtout une prise en compte des nombreux efforts déjà réalisés par la profession.
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La petite récolte qui s'annonce pourrait rééquilibrer certains marchés, comme les vins blancs : est-ce un nouvel échec collectif que ce soit le climat qui régule l'offre et la demande, mais pas la relance de la consommation ou le pilotage de la production ?
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Il ne faut pas se satisfaire de ce type d'équilibre "par défaut". Que ce soit la météo qui joue le rôle de régulateur du marché traduit bien un échec collectif. Cet échec collectif se répercute ensuite sur la trésorerie de nos exploitations et la santé économique de nos vignobles. Notre responsabilité est de retrouver une capacité à piloter la production et à stimuler la consommation, notamment via la montée en gamme, la valorisation des terroirs et la reconquête des jeunes consommateurs. Nous y travaillons collectivement avec l'ensemble des organisations du monde viticole, via un plan de filière national. Il est urgent de poursuivre les débats et de matérialiser nos engagements.
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