Une dotation publique incertaine… et des contributions à la hausse ?
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Le gouvernement l’a annoncé : la dotation de l’État à l’INAO pour 2026 est loin d’être assurée au même niveau que celle de 2025. On évoque jusqu’à - 20% de crédits de l’Etat. Or, après plusieurs années de non-compensation des hausses de dépenses, l’Institut ne serait alors plus à -même de piloter efficacement la politique de qualité française, c’est-à -dire, de garantir les standards d’excellence et la notoriété internationale des produits sous signe de qualité. En plein contexte de crise agricole n’épargnant (presque) aucune filière, les organisations nationales représentant les AOC-IGP-Label Rouge-STG se mobilisent pour défendre le budget et les missions de l’INAO. Il faut rappeler que ces dernières années, l’INAO a connu une baisse structurelle de son budget composé pour 70% de crédits du ministère de l’Agriculture et de 30% de droits acquittés par les filières, en majorité le secteur vitivinicole. Face à cette fragilisation budgétaire et financière, les professionnels du Conseil Permanent de l’INAO ont pris une décision forte et symbolique en juillet dernier : ils ont voté une augmentation de 24% des droits acquittés de l’Institut.
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- soit un surcoût annuel estimé allant de 4,5 à 25 € par opérateur pour les vins AOC (0,15 à 0,19 €/hl)
- soit un surcoût annuel estimé au maximum à 50 € par opérateur pour les AOC spiritueuses (1,2 € /hap à 1,5 €/hap)
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Ce choix n’est pas anodin, c’est un puissant signal envoyé au Gouvernement : alors que les vignerons et agriculteurs traversent une crise structurelle sans précédent, cet effort financier témoigne de tout l’attachement de la filière viticole à cet Institut, qui est un modèle unique en France et en Europe et qui a fait la renommée de nos signes de qualité dans le monde entier.
« Ce soutien ne peut être interprété comme un blanc-seing. Nous avons écrit à l’INAO pour indiquer notre volonté de travailler ensemble à une simplification des procédures, une plus grande flexibilité et une meilleure allocation des ressources. » souligne Maxime Toubart, Vice-Président de la CNAOC, représentant du SGV.
« A l’heure des guerres commerciales avec les grandes puissances, des aléas climatiques ou encore de l’évolution des attentes sociétales, il est indispensable que l’INAO puisse être plus agile et plus en phase avec les besoins de la production et des marchés. Nous avons également fait savoir à Bercy qu’un soutien de l’Etat est aussi indispensable que nécessaire en complément. L’argent mobilisé par les professionnels ne peut se substituer au rôle de l’Etat, en particulier pour ce qui relève du salaire des fonctionnaires. A Cognac par exemple, la hausse de cotisation INAO est conséquente et elle sera d’autant plus difficile à accepter si les pouvoirs publics ne donnent pas en retour. » complète Jérôme BAUER, Président de la CNAOC.
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Retards sur le traitement de révision des cahiers des charges, alourdissement des procédures de contrôle, inertie administrative… quels sont les risques pour nos AOC viticoles ?
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L’INAO gère aujourd’hui 1 232 signes de qualité dont 386 AOC vin et eaux-de-vie de vin ainsi que 77 IGP vin, représentant 95 % de la production nationale. L’institution joue un rôle structurant, juridiquement et techniquement ; une diminution des crédits de l’Etat fragiliserait tout le système de qualité français.
«26 millions de budget pour 42 milliards générés. Quelle « agence » de l’Etat peut se targuer d’une telle performance économique ? Aucune. L’INAO est bien plus qu’un établissement public, c’est notre maison. Et nous avons besoin qu’elle soit fonctionnelle pour pouvoir nous adapter aux enjeux de durabilité, notamment en introduisant des nouvelles variétés plus résilientes, en adaptant nos produits aux tendances du marché ou en assurant la transition agroécologique de la filière. » souligne Eric PASTORINO, Secrétaire général de la CNAOC et représentant de la FRAOC Sud-Est (Vallée du Rhône, Provence, Corse).
La filière ne s’inquiète en effet pas pour rien. Plusieurs conséquences tangibles sont pointées :
- Retards dans l’instruction des modifications de cahier des charges, essentielles face aux impératifs climatiques, économiques ou sociétaux ;
- Difficultés dans la délimitation des zones de production ;
- Faiblesse du soutien aux petits ODG (les groupements de producteurs), souvent démunis face aux exigences administratives ou juridiques ;
- Affaiblissement de la communication et de la protection des indications géographiques, en France comme à l’international ;
- Enfin, une fragilisation générale de la politique de qualité française, pierre angulaire de nos territoires depuis les années 1930.
Le budget 2026 sera clé pour éviter ces désastres annoncés.
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Modernisation oui, fragilisation ou disparition non !
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Le mot d’ordre : conserver l’outil, mais poursuivre la réforme afin de la rendre plus efficient, agile et en phase avec les enjeux contemporains. La CNAOC et l’ensemble des fédérations des filières de qualité et d’origine appellent les pouvoirs publics à garantir un budget équilibré et suffisant pour 2026, tout en soutenant des réformes verticales et concertées. La France ne peut affaiblir ce qui fait sa force : ses terroirs, son exigence de qualité, son engagement collectif.
Rappel des grandes étapes de discussions du PLF26
- Septembre 2025 : arbitrages internes à Bercy : plusieurs scénarios, dont un gel ou une baisse du budget de l’INAO.
- 7 octobre 2025 : limite de dépôt du projet de loi au Parlement.
- 21 octobre : début des débats en commission des finances.
- 12 novembre 2025 : vote en première lecture à l’Assemblée nationale.
- Décembre 2025 : passage du PLF au Sénat.
- Février 2026 : Adoption définitive du PLF26 et publication de la loi, fixant le budget effectif de l’INAO.
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