2èmes rencontres de la vigne et du vin

Ouverture de la Cité du vin à Bordeaux, inscription des vignobles bourguignons et champenois au patrimoine mondial de l’Unesco… le développement de l’œnotourisme semble enfin décoller en France. Comment franchir un nouveau cap de développement et accorder enfin à l’oenotourisme la place qu’il mérite dans le pays du vin ? Elus de territoires viticoles, représentants de la filière et du monde touristiques ont tenté de construire l’œnotourisme de demain lors des deuxièmes rencontres de la vigne et du vin, organisées par l’ANEV et les groupes d’études viticoles du Parlement le 21 juin dernier au Sénat.   

« Nous avons un besoin très important de structuration de l’offre oenotouristique ». Guillaume Lemière, directeur de la règlementation et du classement à Atout France, l’agence de développement touristique de la France ne passe pas par quatre chemins pour introduire les 2èmes rencontres de la vigne et du vin. Comment rattraper notre retard et saisir les opportunités de l’œnotourisme face à une concurrence internationale de plus en plus féroce ? C’est tout l’objet de la deuxième édition de l’évènement organisé par l’ANEV (Association Nationale des Elus de la Vigne et du vin) et les deux groupes d’études viticoles du Parlement, le 21 juin dernier au Sénat. Dans le public, de nombreux élus de territoires viticoles, des représentants de la filière viticole et du monde touristique.

                Structurer l’offre oenotouristique

Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’attirer seulement les touristes français et européens dans le vignoble mais également les voyageurs plus lointains comme les chinois. Heureusement, l’Europe a un avantage face à ses concurrents internationaux, « il y a une culture, un patrimoine qui n’existe pas dans les vignobles des nouveaux mondes » précise Patricia Picard, responsable oenotourisme à l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles et deléguée du comité vins Rhône-Alpes. Pour François Patriat, sénateur de Côte d’Or, coprésident de l’ANEV et ancien président de la région Bourgogne « les structures en charge du tourisme sont trop balkanisées ». Il propose de confier l’ensemble des compétences sur le tourisme aux régions qui ont, depuis l’adoption de la loi NOTRe, l’exclusivité des compétences de développement économique. Voilà pour le pilotage politique. Mais la structuration de l’offre doit se faire également sur le terrain et elle a déjà commencé. Avec le lancement de la Cité du vin à Bordeaux comme témoigne son directeur Philippe Massol et à travers l’inscription du vignoble champenois au patrimoine mondial de l’Unesco qui représente « une succession de petites choses invisibles qui donneront des résultats visibles demain » selon Rachel Paillard, conseillère régionale déléguée à la viticulture de la région Grand Est. Autre élément structurant : le lancement du portail « visitfrenchwine.com » qui répertorie tous les vignobles de France et qui a déjà attiré plus de 100 000 visiteurs depuis son lancement il y a 6 mois. Pour Florence Cathiard, présidente du Conseil Supérieur de l’Œnotourisme (CSO) à l’origine du lancement du portail, il reste tout de même des efforts à faire comme transformer le site en véritable plate-forme de réservation oenotouristique. Mais pour l’instant, il manque des moyens pour aboutir.

                Des blocages à lever

Un manque de moyens, c’est aussi ce que déplore Michel Bernard, président du cluster oenotourisme d’Atout France et trésorier du CNIV, le Comité National des Interprofessions des Vins d’appellations d’origine. Il appelle les interprofessions viticoles à davantage s’impliquer dans la structuration et dans le financement de l’œnotourisme. Les autres freins ne sont pas financiers mais règlementaires, géographique et culturel. Pour Thomas Montagne, président des vignerons indépendants de France, plusieurs contraintes règlementaires découragent les investissements dans l’oenotourisme. La principale : l’impossibilité pour les vignerons d’avoir plus de  50 000 €  par an de chiffre d’affaires réalisé hors activité agricole. Karl O’Hanlon, coactionnaire du Château des Carasses et du Château de Saint-Pierre de Serjac dénonce une interprétation trop stricte de la loi dans certains cas et demande un assouplissement de la législation concernant la signalétique. Pour Joël Boueilh, président de la cave de Plaimont et membre de la CCVF, le blocage principal c’est avant tout la notoriété de son territoire. La cave de Plaimont a donc investi dans un ancien monastère et cherche à associer vin, patrimoine, gastronomie et festivals de musique pour attirer les touristes dans le Gers et leur faire déguster des appellations qu’ils ne connaissent pas forcément. Enfin, Marc Jonas, consultant en oenotourisme,  a soulevé le problème du manque de dialogue entre le monde du vin et celui du tourisme, deux mondes très différents mais qui doivent travailler ensemble.

En conclusion, Philippe A. Martin, député de la Marne et coprésident de l’ANEV a appelé la filière viticole et les élus à jouer leur rôle respectif pour soutenir le développement de l’œnotourisme, « une exigence indispensable pour renforcer l’ancrage culturel du vin en France ».

Photo : ©sénat