Tribune publiée par Paolo De Castro, vice-président de la Commission AGRI du Parlement Européen pour EFOW, la fédération européenne des vins d’origine. 

L’élection inattendue de Donald Trump comme Président des Etats-Unis d’Amérique crée une large incertitude, due en grande partie à la nécessité de comprendre si les positions extrêmes soutenues par le nouveau locataire de la Maison Blanche pendant la campagne électorale, surtout sur des thèmes précis comme les accords commerciaux, sont ou non destinées à guider réellement son activité politique et ses choix en tant que leader des Etats-Unis. Certaines recettes proposées par Trump dans la course à la présidence mélangent des éléments dont la coexistence est difficile, et il est permis de douter qu’il risquera vraiment de les réaliser pleinement.

L’économie n’aime pas l’incertitude et l’élection de Trump arrive dans un contexte où beaucoup d’autres inconnues pèsent sur le futur de la politique européenne. L’inconnue la plus grande est le Brexit mais il y a aussi le référendum en Italie, l’élections présidentielles en Autriche, et les prochaines élections en France et en Allemagne. Toutes ces circonstances pourraient changer énormément le cadre de référence dans une phase où l’UE a du mal à sortir de la crise économique. Dans cette situation, l’imprévisibilité, qui en ce moment semble caractériser le 45ème Président américain, n’est pas une bonne nouvelle.

D’autant plus que Trump est un outsider du Parti Républicain, mais également de ses ailes extrêmes. La base nationaliste et protectionniste de sa campagne électorale, et donc de sa vision politique en matière d’économie, pourrait être un sérieux obstacle au développement et à l’augmentation des échanges commerciaux entre l’Union Européenne et les Etats-Unis.

Si l’incertitude n’est pas une bonne chose, elle ne signifie cependant pas que les présages les plus sombres doivent à tous prix se réaliser. Les Etats-Unis et l’UE représentent un tiers des échanges commerciaux mondiaux, avec la conséquence évidente qu’une approche protectionniste risquerait de causer aux deux parties plus de dommages que de bénéfices justement pour ces emplois de Trump dit vouloir sauver.

Le dialogue international aura un rôle décisif, encore plus qu’aujourd’hui, dans la modération de certaines positions. Les institutions européennes et nationales devront contribuer au maintien, à l’amélioration et à la protection des accords internationaux existants.

Dans ce contexte, quel futur pour le TTIP négocié par la Commission Européenne et les émissaires américains depuis 2013 ? Durant la campagne électorale, le nouveau Président des Etats-Unis a attaqué tous les accords internationaux, de l’ALENA en vigueur depuis 1994 au TPP, le traité trans-pacifique signé mais pas encore ratifié, jusqu’au TTIP. Les critiques s’adressent surtout aux accords avec des économies plus pauvres, qui selon la théorie de Trump, sont synonymes de concurrence et de ventes à perte pour l’industrie manufacturière. Même si l’accord avec l’UE n’est pas de ce type-là, l’idée simpliste que les accords commerciaux se traduisent par un avantage automatique pour les pays tiers et un dommage pour les Etats-Unis pourrait toucher aussi le TTIP, laissant présumer son rejet définitif.

D’un autre point de vue, l’Europe, si elle reste unie sur ce point, pourrait profiter du fait que les américains se montrent moins proactifs en matière de libre échange. Le fait que le TPP, le traité trans-pacifique, serait sur le point de disparaitre, par exemple, crée l’opportunité d’exporter les standards européens, surtout sur les indications géographiques, dans des pays comme le Japon ou le Mexique, avec qui l’UE négocie actuellement des accords commerciaux, créant de nouvelles perspectives qui pourraient se révéler très intéressantes et importantes pour nos pays.

Photo : source www.paolodecastro.it