Deux parlementaires mobilisés pour la filière viticole

Codécideur avec le conseil des ministres sur les sujets agricoles, le Parlement Européen est un allié indispensable pour défendre les intérêts du secteur viticole à Bruxelles. Le 1er congrès européen des vins d’appellation a permis de renforcer encore un peu plus les liens avec les parlementaires investis sur les questions agricoles et viticoles. Tour d’horizon des sujets d’actualité viticole avec Michel Dantin et Eric Andrieu, deux députés européens bon connaisseurs de la filière.

CNAOC : Les boissons alcoolisées ont jusqu’en mars 2018 pour faire une proposition d’autorégulation sur l’étiquetage des informations nutritionnelles et des ingrédients. Un étiquetage supplémentaire risque de peser sur les PME de la filière viticole (traduction, multiplication des stocks etc.). Comment concilier information du consommateur et charges réduites pour les opérateurs ?

Michel Dantin (MD) : Ma position sur le sujet est connue. J’ai toujours été sceptique sur le principe de l’étiquetage des informations nutritionnelles et des ingrédients pour le secteur du vin, du fait de la particularité de cette production, le coût d’une telle exigence mais également à cause de l’attitude paradoxale des consommateurs. En effet, lorsqu’il est interrogé le consommateur demandera toujours plus de transparence, mais ne sera pas toujours prêt à en payer le prix. Néanmoins, il est clair que la Commission européenne a souhaité avancer par étape sur ce dossier, laissant la possibilité au secteur de s’autoréguler. C’est bien sûr une contrainte, mais également une opportunité : si le secteur souhaite s’engager sur la voie d’une utilisation accrue des nouvelles technologies via la dématérialisation des informations présentes sur l’étiquette, la réaction à Bruxelles, je pense, sera favorable.

Eric Andrieu (EA) : Sur la question de l’étiquetage, je suis d’accord avec le secteur : il ne faut pas alourdir les charges des entreprises qui sont souvent des petites structures. J’attire néanmoins l’attention sur la prise en compte de certaines demandes des consommateurs. La mention de la teneur en calorie est un point important pour le Commissaire à la sécurité alimentaire, M. Adriukaitis. Pour l’instant on est dans l’autorégulation, mais je doute qu’il lâche sur ce point.

CNAOC : Le secteur viticole est le dernier secteur agricole à bénéficier d’un système de régulation de son potentiel de production : les autorisations de plantations. Comment maintenir cette exception lors de la prochaine réforme de la PAC ?

MD : Le maintien jusqu’en 2030 du système des autorisations de plantations a été l’une des grandes batailles de la dernière réforme – ce mécanisme est essentiel pour la stabilité et le développement de la filière. La Commission européenne vient de lancer une évaluation de la législation spécifique vitivinicole (programmes nationaux, pratiques œnologiques, règles de commercialisation et d’étiquetage et gestion de l’offre). Elle a l’obligation légale de produire une telle étude et de faire éventuellement des propositions. Mais ne jouons pas à nous faire peur ! Si le débat aura lieu, je serai vigilant ! Je note néanmoins que dans le cadre de la négociation du règlement Omnibus, aucune remise en cause n’a vu le jour ni de la part de la Commission européenne, ni des États membres ou des députés les plus libéraux. J’ai même réussi à imposer l’extension du système des autorisations de plantations aux vins servant de base à un spiritueux sous signe de qualité.

EA : La précédente réforme de la PAC a permis de maintenir un système de maitrise de la production. Dans le cadre de l’omnibus plus récemment on a travaillé sur la maitrise de surfaces destinées à la production du cognac. On a pu également obtenir pour les vins blancs liquoreux la possibilité de faire de l’enrichissement par méthode soustractives. En ce qui concerne la réforme de la PAC annoncée par la Commissaire à l’Agriculture, M. Hogan, pour juin prochain, il n’y pas de réforme prévu sur le vin

CNAOC : En tant que parlementaire, vous travaillez régulièrement avec EFOW et d’autres représentants d’intérêt. Comment utilisez-vous leurs contributions dans votre travail ?

MD : Je travaille régulièrement avec l’EFOW au même titre qu’avec d’autres organisations vitivinicoles. Elles nous apportent à la fois un soutien technique, un retour du terrain sur la mise en œuvre et les problèmes éventuels causés des politiques européennes et parfois nous alertent sur certains dossiers sensibles (actes délégués et d’exécution).

EA : Nous avons un travail de suivi régulier avec EFOW par le biais de l’intergroupe Vin du Parlement européen. Cet intergroupe, qui se réunit une fois par mois à Strasbourg, à un rôle d’interface entre les viticulteurs et les institutions, et a pour but de porter les préoccupations du secteur dans l’enceinte du Parlement et auprès de la Commission européenne. Nous sommes en quelque sorte le relais de la filière auprès de Bruxelles. Cet intergroupe a permis de sensibiliser la Commission à des sujets non négligeables la lutte contre le dépérissement des vignes ou celui des cépages résistants.