En dehors des projecteurs, l’avenir de la viticulture se joue souvent au Parlement. Avant de prendre des décisions sur des sujets techniques difficiles à maitriser, les parlementaires travaillent au sein de groupes d’études thématiques à l’élaboration de positions consensuelles. La CNAOC a choisi de donner la parole à deux acteurs essentiels de la défense de la filière viticole : Cathérine Quéré, députée présidente du groupe d’études Viticulture de l’Assemblée Nationale et Gérard César, sénateur président du groupe d’étude de la vigne et du vin du Sénat. Il nous explique dans une interview croisée le rôle de leur groupe d’étude.
Quel est le rôle d’un groupe d’études spécialisé comme le votre ?
Catherine Quéré : C’est d’abord d’assurer le rassemblement de tous les passionnés de viticulture qui sont convaincus que son économie est un atout essentiel pour l’économie française. La première mission du groupe d’étude et d’être à l’écoute du monde viticole, à l’écoute de tout le monde viticole. Ainsi chaque groupe, chaque structure peut être auditionnée pour que nous puissions être à l’écoute du terrain et donc rester vigilants dans l’élaboration des textes législatifs qui concerneraient la viticulture.
Gérard César : Le rôle du groupe d’études vigne et vin est d’étudier et de suivre toutes les questions relatives au secteur vitivinicole. Il en assure une veille juridique et technique. Pour cela, il auditionne les représentants de l’Etat et des organisations professionnelles pour peser de tout son poids lors des discussions des projets de loi en séance publique. Sa force vient du consensus, sur un même sujet, entre des sénateurs représentant le Sénat dans sa diversité politique et territoriale.
Sur quels dossiers récents votre groupe d’étude viticole a t-il joué un rôle décisif ?
Catherine Quéré : Nous ne cherchons pas à être décisifs. Nous cherchons à créer du consensus autour du vin et des spiritueux afin qu’ils soient considérés à leur juste valeur et qu’ils ne soient pas caricaturés. En ayant cette approche modérée et pédagogique nous considérons que nous sommes plus efficaces et plus écoutés par nos collègues députés et par le gouvernement pour amender ou influencer les projets en gestation.
Gérard César : Les questions du rétablissement des droits de plantation et de la place de la viticulture dans la réforme de la PAC nous ont beaucoup occupés. L’organisation d’un colloque en présence du ministre de l’agriculture, de nombreux professionnels et parlementaires français, italiens, espagnols et hongrois a été décisive pour la suite des discussions au niveau européen. Je me suis déplacé à Bruxelles à plusieurs reprises pour plaider la cause de nos viticulteurs.
Comment travaillez-vous avec les organisations professionnelles viticoles et en particulier la CNAOC ?
Catherine Quéré : La règle que nous nous sommes fixés vise à écouter tous les acteurs de la filière viticole et de s’enrichir des expériences des uns et des autres. La CNAOC, comme d’autres structures, joue un rôle essentiel dans la défense de notre patrimoine viticole et dans la défense de notre identité. Les relations sont quotidiennes ou hebdomadaires avec les organisations professionnelles et elles permettent de nourrir notre réflexion grâce à des informations précises et pertinentes.
Gérard César : Nous auditionnons régulièrement le président et le directeur de la CNAOC afin qu’ils nous apportent leur éclairage sur les sujets d’actualité dont nous nous saisissons. Nous faisons appel à leur compétence et leur professionnalisme et nous nous appuyons sur leurs expertises pour faire évoluer les dossiers relatifs à la filière. Je les sollicite régulièrement pour recueillir leur avis, en amont, sur les projets nationaux ou européens touchant à la filière.
Quelles sont les prochaines échéances à venir au Parlement qui concerneront les produits vitivinicoles ? Quelle en seront les enjeux ?
Catherine Quéré : Les produits vitivinicoles pourraient être concernés de près ou de loin par plusieurs projets à venir à l’Assemblée nationale : La loi d’avenir agricole, la loi de santé publique, le plan cancer… Nous avons décidé de mettre en place des groupes restreints au sein du groupe d’études, où quelques parlementaires suivent de très près ces échéances pour travailler en amont sur ses textes et informer leurs collègues du groupe d’études. L’enjeu principal des textes à venir est d’éviter l’amalgame entre le vin et l’alcoolisme. Les raccourcis ne serviront ni la filière viticole ni les malades.
Gérard César : Nous serons très attentifs aux mesures qui pourraient être prises dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014, notamment celles relatives à la taxation du vin pour raison de santé ou fiscalité « comportementale » et à l’augmentation des droits d’accises. Autant de mesures pénalisantes pour la filière viticole. Et bien sûr, nous attendons le projet de loi d’avenir pour l’agriculture qui devrait être examiné par le Parlement au printemps prochain.
Commentaires récents