Que proposent le secteur des boissons alcoolisées et la filière viticole ?

L’ensemble des boissons alcoolisées ont rendu le 12 mars dernier leur proposition d’autorégulation concernant l’étiquetage des ingrédients et des calories à la Commission Européenne. Quel est son contenu ? Tour d’horizon.

Pourquoi le secteur des boissons alcoolisées fait-il une proposition concernant l’information sur les ingrédients et les calories ?

Aujourd’hui, les boissons alcoolisées sont le dernier produit alimentaire préemballé à ne pas devoir étiqueter les ingrédients et les calories. Pourtant, depuis plusieurs années déjà, la pression pour mettre fin à cette exception est de plus en plus forte : le Parlement Européen et certains Etats Membres y sont favorables, les associations de consommateurs sont de plus en plus offensives… En mars 2017, dans un rapport, la Commission Européenne annonce sa volonté de mettre fin à cette exemption. Elle donne alors un an à l’ensemble des filières des boissons alcoolisées – vins, bières, spiritueux, cidres – pour faire une proposition d’autorégulation sur le sujet. Un an après, cette proposition est la réponse à la demande de la Commission. La fédération Européenne des vins d’origine EFOW et la CNAOC ont fortement contribué à son élaboration en collaboration avec l’ensemble des organisations viticoles (CEVI, CEEV, Copa-Cogeca).

Quelles sont les ambitions de la filière viticole ?

Première ambition : la filière viticole n’a rien à cacher. Elle s’engage donc à fournir des informations pertinentes aux consommateurs sur les ingrédients et les calories présents dans le vin. Deuxième ambition : ne pas alourdir les contraintes qui pèsent sur les opérateurs. La filière a cherché une solution simple à mettre en œuvre. Chaque opérateur pourra ainsi diffuser au choix les informations sur l’étiquette ou sur internet. Dans ce dernier cas, les informations devront être facilement accessibles depuis l’étiquette du produit à travers un QR code, un code-barres ou un lien vers un site internet.

Qu’est-ce qu’un « ingrédient » selon la filière viticole ?

Comme pour l’ensemble des produits agroalimentaires, il faut distinguer pour le vin, les additifs des auxiliaires technologiques. Les premiers – par exemple acide ascorbique, gomme arabique ou sorbate de potassium –  sont considérés comme des ingrédients et doivent être indiqués aux consommateurs. Les seconds – par exemple le kaolin, le calcium ou la gélatine – ne sont plus présents dans le produit fini et ne sont pas considérés comme des ingrédients. La distinction entre additifs et auxiliaire technologiques se fonde sur une liste établie par l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV). Ensuite, la filière propose que toutes les substances naturellement présentes dans le raisin et utilisées pour ajuster l’acidité ou la teneur en sucre soient exclues de la liste des ingrédients. Appartiennent à cette catégorie les acides citrique, lactique, tartique et malique ainsi que le sucre, le Moût Concentré (MC), le Moût Concentré Rectifié (MCR) et la liqueur de tirage dès lors qu’ils sont convertis en alcool lors de la fermentation et qu’ils ne servent pas à édulcorer le vin. Enfin, pour limiter au maximum les contraintes techniques les organisations suggèrent de laisser le choix à l’opérateur : soit de publier la liste des ingrédients présents dans chaque bouteille, soit de fournir les ingrédients selon un processus de vinification « habituel » (c’est-à-dire les ingrédients habituellement utilisés pour fabriquer un vin depuis plusieurs années), soit de renvoyer à l’ensemble des ingrédients potentiellement utilisables pour faire du vin.

Comment déterminer le nombre de calories d’un vin ?

Détailler une déclaration nutritionnelle complète – valeur énergétique, quantité de graisse, acides gras saturés, glucides, sucre, protéines, sel – ne présente pas beaucoup d’intérêt pour le vin. Il sera donc possible de limiter la déclaration nutritionnelle à la valeur énergétique du vin sur la base de 100 ml (volume de référence européen pour l’étiquetage des denrées alimentaires). Pour une compréhension plus simple pour le consommateur, l’opérateur pourra choisir d’ajouter le nombre de calories par portion (1 portion = 10g d’alcool soit environ 1 verre de vin). Pour évaluer le nombre de calories, l’opérateur aura plusieurs solutions : calculer lui-même le nombre de calories présents dans ses vins ou indiquer le nombre de calories selon une base de données européenne qui indiquera le nombre de calories généralement contenu selon le type de vin. Enfin, pour éviter les problèmes de traduction les complications à l’export, il sera possible d’utiliser le symbole international « E » (« Energy »).

Quelle suite ?

La Commission Européenne doit désormais donner son avis concernant la proposition d’autorégulation du secteur des boissons alcoolisées. En cas d’avis favorable, la filière viticole s’attachera à développer rapidement des outils dématérialisés et à promouvoir sa proposition auprès des producteurs jusqu’en mars 2019. Elle souhaite également que sa proposition d’autorégulation soit intégrée dans le droit communautaire à travers la réforme de la PAC.