Vous vous êtes engagé à défendre la prolongation du système des autorisations de plantations jusqu’en 2050 dans la réforme de la PAC. Où en êtes-vous au niveau du Conseil sur cette discussion essentielle pour la viticulture ?   

C’est une des priorités de la France sur le sujet que je porte avec constance. La France porte ce sujet aussi au Parlement européen : un amendement en ce sens a d’ailleurs été adopté. Je m’en réjouis. Les Espagnols et les Italiens ne sont pas opposés au maintien du système mais souhaitent y apporter quelques modifications. Les discussions se poursuivent et devraient aboutir d’ici fin 2020. Je suis assez confiant. 

La mise en place de distance de sécurité à proximité des zones habitées va amputer le vignoble français de plusieurs milliers d’hectares. En effet, l’impossibilité de réduire à zéro ces distances conduira nécessairement à des arrachages. Avez-vous évalué l’impact économique de ces mesures ? Pourquoi ne pas se contenter de retirer immédiatement les produits les plus dangereux ?

Les distances de sécurité ont été définies sur la base d’un avis scientifique de l’Anses. Il est prévu, dans les textes soumis à consultation, qu’elles puissent être réduites à 3 mètres en cas de l’existence d’une charte départementale et de l’utilisation de matériel d’épandage équipé de dispositif anti-dérive. Les projets de textes permettent par ailleurs que ces distances puissent être supprimées, sur la base d’un avis complémentaire de l’Anses et d’une modification de l’annexe I du projet d’arrêté.

Désormais chaque nouvelle construction fera reculer la vigne de 10 ou 5 mètres ?  Que comptez-vous faire dans la loi foncière pour empêcher ce recul ?  

Les services juridiques étudient la faisabilité de prévoir des dispositions réglementaires ou législatives en cas de nouvelle habitation, afin de reporter l’obligation de mise en place de mesures de protection vers le porteur de projet.

Les sanctions américaines à l’encontre des vins français vont affaiblir de nombreux vignobles dans un contexte commercial international déjà très tendu. Quelles actions la France a-t-elle entreprises pour éviter ces sanctions ?

Je déplore cette décision de taxer les vins français. Les exportations françaises représentent 25% de l’ensemble des exportations européennes des vins vers les Etats-Unis. Nous ne pouvons pas sous-estimer l’impact que cela va avoir, qui plus est dans le contexte que nous connaissons tous !

La solution est française mais surtout européenne. J’ai appelé à une réponse ferme et unie lors du dernier Conseil européen de Luxembourg.

Par ailleurs, j’ai adressé un courrier à la Commission européenne formulant 3 demandes :

  • Je souhaite que la Commission finance la mise en œuvre rapide de programmes de promotion spécifiquement dédiés aux produits touchés par les rétorsions américaines.
  • J’ai demandé à ce que des garanties soient apportées aux opérateurs mettant en œuvre des mesures de promotion dans le cadre du programme national d’aide viticole, afin d’avoir des assurances de la part de la  Commission concernant le suivi de la réalisation de ces opérations.
  • J’ai également appelé à ce qu’intervienne la solidarité européenne. Aussi, j’ai demandé à la Commission d’évaluer dès à présent les possibilités de recours aux mesures exceptionnelles de l’OCM afin de compenser les éventuelles pertes des opérateurs..

Enfin, au niveau national,, nous expertisons l’ensemble des demandes de la filière, ainsi que les dispositifs qui pourraient être mobilisés pour accompagner les entreprises dans la recherche de nouveaux débouchés et les aider à surmonter ces difficultés.