Lors des dernières élections européennes de mai dernier, le Parlement Européen a été renouvelé a plus de 60 %. Un renouvellement qui signifie une influence à reconstruire pour la viticulture, en plein milieu des discussions pour la prochaine réforme de la PAC. Qui sont les nouveaux députés spécialistes de la viticulture ? Comment la viticulture peut-elle reconstruire son influence ? Analyse du nouveau visage du Parlement Européen. 

Les partis traditionnels affaiblis, les écologistes et les libéraux en faiseurs de majorité

Première surprise des dernières élections européennes :  la participation au vote en hausse à 51 % des inscrits contre 43 % lors des deux précédentes éditions. Un regain d’intérêt pour la chose européenne qui n’a pas profité aux partis traditionnellement majoritaires, le Parti Populaire Européen (PPE / conservateurs) et l’Alliance Progressiste des Socialistes et des Démocrates (S&D / sociaux-démocrates). Même s’il reste le premier groupe au Parlement, le PPE ne représente plus que 24 % des députés contre 29 % lors de la législature 2014-2019. Les S&D conservent également leur deuxième place avec 154 sièges mais ne représente plus que 20,5 % contre 25 % dans la législature précédente. A eux seuls, les deux partis traditionnels ne possèdent plus la majorité absolue. Ils devront donc négocier des majorités pour chaque texte avec les deux groupes qui ont profité de ce recul, les libéraux de Renew Europe (RE) et les écologistes. Les premiers progressent notamment grâce au bon score de la liste Renaissance en France (En Marche / Modem et alliés). Ils obtiennent 108 sièges, soit 14 % de l’hémicycle. Le groupe des Verts / Alliance Libre Européenne (Verts / ALE) occupe désormais près de 10 % des sièges au Parlement Européen avec 74 sièges contre 52 lors de la législature précédente.  Du coté des partis souverainistes, eurosceptiques et europhobes, ils représentent désormais presque 24 % de l’hémicycle. Mais très divisés, ils restent pour le moment incapables de former un groupe politique homogène. Enfin, l’extrême gauche est en régression avec 41 sièges contre 52 entre 2014 et 2019.

ComAgri : nouveaux élus et des spécialistes des questions viticoles réelus  

Malgré le renouvellement à plus de 60 % du Parlement Européen, des députés français spécialistes des questions agricoles et viticoles ont été réélus et siègent au sein de la Commission Agriculture (ComAgri) du Parlement Européen. Parmi eux, Eric Andrieu, député (groupe S&D), qui siégeait déjà dans la Com Agri lors de la législature précédente. Il était notamment rapporteur sur l’Organisation Commune de Marché (OCM) pour la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Dans son rapport, il avait notamment pris position pour le maintien du système d’autorisations de plantation au-delà de 2030 et sans date de fin programmée. Pour cette nouvelle législature, il a conservé son rôle de rapporteur de l’OCM pour la PAC. Pour le groupe PPE, c’est Anne Sander, réélue pour un deuxième mandat qui s’occupera des questions agricoles et viticoles. Côté Renew Europe, c’est l’ancien président des Jeunes Agriculteurs et éleveur en Saône et Loire Jeremy Decercle, élu pour la première fois qui traitera des questions agricoles. Enfin Benoît Biteau, qui se définit comme un « paysan agronome »  sera l’élu français référent des écologistes au sein de la ComAgri. A signaler également parmi les députés français, l’élection d’Irène Tolleret (RE), viticultrice dans l’Hérault. Elle est membre suppléante de la ComAgri. Parmi les autres députés européens au sein de la ComAgri, on retrouve des bons connaisseurs des problématiques agricoles et viticoles, particulièrement le roumain Dacian Ciolos (Président du groupe Renew Europe), ancien Commissaire à l’Agriculture de 2010 à 2014 et qui a soutenu la mise en place du système d’autorisations de plantations de vigne et les italiens Paolo de Castro (S&D) et Herbert Dorfmann qui entament tous les deux leur 3ème mandat de député européen.  

Quelles suites pour la réforme de la PAC ?

Lors de la précédente législature, les députés de la ComAgri avaient adopté dans le cadre de la réforme de la PAC plusieurs mesures en faveur de la viticulture, défendues notamment par la fédération européenne des vins d’origine EFOW (dont est membre la CNAOC) : prolongation des autorisations de plantations après 2030, dématérialisation de l’étiquetage des ingrédients, maintien du facteur humain dans la définition de l’AOP etc. Après ce vote, le nouveau Parlement doit désormais choisir s’il veut reprendre l’examen de la réforme de la PAC à zéro ou s’il veut poursuivre l’examen à partir des textes adoptés dans la législature précédente. Les dispositions concernant la viticulture, adopté dans le rapport sur l’OCM d’Eric Andrieu ne font pas l’objet de discussions fortes. Elles ne devraient donc pas faire l’objet d’un nouveau vote. Même si beaucoup d’incertitudes demeurent, une chose est sure : la réforme de la PAC initialement prévue pour entrer en vigueur en 2020 sera finalisée au plus tôt en 2021.