Congrès de la CNAOC à Calvi

L’ensemble de la viticulture AOC était réunie du 25 au 27 avril dernier à Calvi en Corse pour le congrès de la CNAOC en région. Les participants ont échangé sur l’adaptation de l’AOC au changement climatique d’ici à 2050.

Jusqu’à quel point les viticulteurs d’AOC sont-ils prêts à innover pour s’adapter au changement climatique ? C’est la question qui a été posée en substance aux participants du congrès de la CNAOC lors d’une table ronde sur le thème « adapter dès maintenant la viticulture AOC dès 2050 ». Pour la 1ère fois, le congrès de la CNAOC organisé par le Groupement Intersyndical des vins AOC de Corse (GIAC) se déroulait sur l’île de beauté à Calvi le 26 et 27 avril dernier. « Siate I Benvenuti » (soyez les bienvenus) a déclaré en corse Pierre Acquaviva, président du GIAC, s’adressant aux congressistes.    

Plusieurs scénarios d’adaptation des AOC au changement climatique

Animée par Françoise Brugière, cheffe de la mission prospective à France AgriMer, la table ronde fut interactive. Les participants ont pu avec leurs smartphones répondre en direct à des questions sur les conséquences du changement climatique sur le vignoble. Ainsi, si la compétitivité reste la priorité n°1, les participants ont tout de même placé la réduction des impacts sur l’environnement et l’adaptation au changement climatique comme priorité n°2 et 3 pour leur vignoble. Seulement 13 % des participants ont indiqué ne pas avoir perçu d’impact du changement climatique sur leur vignoble alors que 71 % et 51 % ont perçu respectivement des conséquences négatives et / ou positives (les choix n’étaient pas exclusifs). Parmi ces conséquences, sont citées notamment des vendanges plus précoces et une augmentation du degré d’alcool. Après ce temps interactif, deux chercheurs – Hervé Hannin de Supagro Montpellier et Jean-Marc Touzard de l’INRA – ont présenté quatre scénarios d’adaptation du vignoble face au changement climatique issus d’un travail de prospective. Un scénario « conservateur » dans lequel la filière innove peu et subit les attaques des politiques anti-alcools. Un scénario « libéral » ou l’aval domine la filière et peut innover sans limite jusqu’à transformer la nature même du vin. Un scénario « nomade » ou les viticulteurs relocalisent les vignobles en fonction des nouvelles conditions climatiques. Enfin, un scénario « innover pour rester » ou les viticulteurs intègrent des pratiques innovantes dans leur cahier des charges pour conserver les localisations actuelles. En conclusion, les chercheurs ont invité à utiliser l’AOC comme un cadre d’innovation et d’adaptation.

Cépages résistants, irrigation : des solutions pour s’adapter dès maintenant

Faire dès maintenant de l’AOC un cadre d’adaptation et d’innovation, c’est justement ce que demandent à la Commission Européenne depuis 2015 et le congrès de la CNAOC à Sancerre les représentants des vignerons d’appellation. Leur souhait : faciliter l’intégration des cépages résistants dans les cahiers des charges AOC pour mieux lutter contre les grandes chaleurs et les maladies. 3 ans plus tard, à Calvi, Raimondo Serra chef adjoint de l’unité vin de la Commission Européenne a annoncé que la Commission proposera au sein de la prochaine réforme de la PAC que l’utilisation de cépages résistants soit possible pour les AOC. Une preuve de l’utilité du travail de lobbying et d’influence au niveau national et européen. Autre sujet d’avenir pour l’adaptation des AOC au changement climatique : l’irrigation. Après avoir salué la publication en septembre dernier d’un décret qui permet d’autoriser sous certaines conditions l’irrigation pour les AOC, Eric Pastorino, président du syndicat des Côtes de Provence a néanmoins insisté sur les « dogmes » de l’administration qu’ont dû affronter les vignerons pour faire évoluer la règlementation. « Les Côtes de Provence représentent seulement 4 % de l’utilisation du Canal de Provence » a-t-il précisé pour remettre les choses en perspective « ce n’est pas du gaspillage ! ». Enfin, le président de la CNAOC Bernard FARGES a saisi l’occasion du congrès pour interpeller les représentants des pouvoirs publics sur les dangers d’une non-réhomologation du cuivre au niveau européen. « Sans cette molécule, la viticulture biologique est morte, la viticulture conventionnelle est mal en point » a –t-il déclaré. Il a invité la France à défendre avec vigueur la réhomologation sur la scène européenne « à des doses cohérentes et non-rêvées », le temps de mettre en œuvre des produits de biocontrôles.