Après la diffusion des réponses des principaux candidats à l’élection présidentielle puis celles des deux finalistes, nous republions ci-dessous celles d’Emmanuel Macron, désormais nouveau Président de la République.
1/ Quelle politique de santé publique proposez-vous en matière de lutte contre l’alcoolisme ? Lutte contre les excès comme c’est le cas jusqu’à aujourd’hui ou lutte contre toute forme de consommation?
Emmanuel Macron : Comme vous le savez, je me suis personnellement engagé sur le sujet de la Loi Evin. La possibilité de communiquer sur l’oenotourisme dans un cadre juridique adapté a d’ailleurs été initiée dans le projet de Loi Macron. Le temps n’est plus à l’opposition permanente entre l’économie et la santé publique mais à l’efficacité de l’action publique. Je l’ai dit lors de l’annonce de mes mesures sur la santé, nous devons faire plus de prévention en France. C’est aussi le cas en matière de lutte contre les consommations excessives d’alcool où nous devons allouer plus de moyens à la prévention.
2/ Comptez-vous augmenter la fiscalité sur les produits vitivinicoles ?
Emmanuel Macron : Le secteur des vins et spiritueux en France est un secteur économique qui doit rester compétitif face à une concurrence de plus en plus exacerbée notamment sur nos principaux marchés exports. Le rôle de l’état est de permettre aux entreprises viticoles de rester performantes tout en prenant en compte les enjeux de santé publique. A cet égard, le rôle de l’état doit être de mener des politiques plus ciblées auprès des français qui ont des problèmes d’addiction et auprès des jeunes qui sont plus vulnérables dans une période où ils se construisent. Miser sur la prévention est un axe prioritaire de ma politique de santé. Les étudiants en santé auront dans leur cursus un service sanitaire de trois mois dans lequel ils seront formés pour faire de la prévention dans les écoles ou sur des lieux de travail. Nous devons mettre plus de moyens en amont pour mieux prévenir.
3/ Depuis de nombreuses années, les viticulteurs font des efforts importants pour mieux prendre en compte l’impact de leurs pratiques sur l’environnement. Pourtant, ils font sans cesse l’objet d’attaques par des médias à sensation sur ce sujet et se sentent injustement stigmatisés. Quel politique environnementale entendez-vous défendre ? Renforcer les contraintes qui pèsent sur les viticulteurs ou au contraire les encourager ?
Emmanuel Macron : Le principal défi pour notre viticulture est environnemental. Les nombreux vignerons ou négociants que j’ai rencontré m’ont fait part de leurs inquiétudes sur les produits phytosanitaires. Pour leur santé tout d’abord, car ils sont les premiers concernés mais aussi par rapport aux attentes fortes des français. La prise de conscience est là, il faut maintenant relever ce défi environnemental ensemble. Pour y parvenir, il faut cesser d’opposer les modèles entre le bio et le conventionnel. Il faut sortir de l’écologie punitive. Le rôle de l’Etat, c’est un rôle d’accompagnement pour soutenir ceux qui s’engagent volontairement dans des pratiques vertueuses. C’est l’objectif de notre PSE (paiement pour services environnementaux) de 200 millions d’euros par an qui rémunèrera les services environnementaux rendus. Nous engagerons les collectivités locales dans cette démarche de progrès car les solutions ne sont pas les mêmes pour tous les territoires. Le Plan de Transformation Agricole (de 5 milliards d’euros sur 5 ans) soutiendra les projets de modernisation des exploitations ayant un impact positif sur l’environnement. C’est par l’innovation agronomique que nous trouverons des solutions pour une viticulture durable.
4/ La politique européenne qui s’applique dans le secteur viticole est unique : régulation, aides consacrées à l’investissement et à la reconquête des marchés etc. Quel modèle agricole entendez-vous défendre lors de la prochaine réforme de la PAC ? Quelle importance accorderez-vous à la défense des AOC et des Indications Géographiques (IG) dans les négociations internationales ?
Emmanuel Macron : Notre projet politique est progressiste et s’articule autour de deux axes forts : libérer et protéger. Libérer, c’est permettre d’entreprendre plus facilement. Les viticulteurs et négociants sont avant tout des chefs d’entreprise. Les mesures annoncées sur le travail les concernent : transformation du CICE en allégements de charges, révision de toutes les normes inutiles, le droit à l’erreur avec une administration qui conseille plus qu’elle ne sanctionne. La négociation d’accords de libre-échange pour assurer notre compétitivité est aussi fondamentale. Protéger au niveau européen, c’est mettre en place des outils de régulation nécessaire par une PAC protectrice et ambitieuse. Là encore, retrouvons du pragmatisme et de l’efficacité. Chaque filière à ses spécificités et nous devons en tenir compte. C’est le cas de l’OCM vitivinicole qui doit être maintenue pour permettre de financer la restructuration, la politique d’investissement et la promotion dans les pays-tiers. C’est aussi le cas de nos AOC et de nos Indications Géographiques (IG) qui doivent être protégées. Protéger, c’est aussi faire plus pour ceux qui ont moins, notamment lors d’aléas climatiques comme ceux de l’an passé dans certaines régions viticoles. Nous devons parvenir à lever les freins relatifs à la franchise et au seuil de déclenchement des assurances climatiques pour mettre à disposition de ceux qui le souhaitent une assurance efficace.
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