Londres, 25 juin 2014. Les gouvernements n’ont pas réussi à trouver un consensus, la demande portée par la France de suspendre l’attribution des dossiers « .vin » et « .wine » restera lettre morte. Il n’y a donc plus aucun obstacle à une délégation de ces noms de domaine et à leur utilisation au mépris des lois nationales, européennes et internationales. Les vignerons se disent déçus mais déterminés. Déçus car ils ont le sentiment que d’autres intérêts ont pris le pas sur ceux des vignerons et des consommateurs. Mais déterminés. Ils confirment qu’ils organiseront un boycott généralisé de ces noms de domaine. Ils appellent le gouvernement français et la Commission européenne à mettre en oeuvre tous les moyens pour faire respecter la loi sur Internet y compris le blocage des noms de domaine. Enfin ils annoncent qu’ils vont engager avec le concours d’autres secteurs de l’économie, menacés eux aussi dans leur existence même par l’appropriation de noms de domaine générique par l’industrie, des actions auprès des gouvernements pour faire évoluer les règles sur la gouvernance de l’interne et défendre la diversité culturelle.

La mobilisation forte de la France n’aura pas suffi, les gouvernements représentés au sein du GAC (instance consultative intergouvernementale) n’ont pas réussi à trouver un consensus en faveur d’une suspension de la délégation. L’ICANN pourra ainsi déléguer sans condition les noms de domaine « .vin » et « .wine » et les sociétés candidates vendre aux enchères les noms de domaine de second niveau y compris ceux correspondant aux noms des AOC. Cette incapacité des gouvernements à s’entendre va encourager le développement de phénomènes comme la tromperie du consommateur, le détournement de la notoriété, la contrefaçon et le cybersquatting. Les présidents d’Efow et de la Cnaoc, Riccardo Ricci Curbastro et Bernard Farges déclarent : « Nous déplorons cette situation. Il n’est pas normal qu’un organisme à vocation technique puisse décider que les règles qui s’appliqueront sur Internet seront différentes de celles décidées par des Etats souverains. En décidant que le concept des indications géographiques n’était rien d’autre qu’une marchandise et que les noms pouvaient être utilisés par n’importe qui pour vendre n’importe quoi, l’ICANN prend partie dans les négociations internationales en cours. C’est une nouvelle preuve de son absence d’indépendance et un très mauvais signal pour les discussions d’un accord transatlantique entre l’Europe et les USA! ».

Pour autant les vignerons ne sont pas résignés. Au contraire, leur détermination est encore plus grande. La CNAOC et EFOW confirment tout d’abord qu’elles vont se rapprocher des autres syndicats viticoles et agricoles en Europe et à travers le monde pour organiser une campagne de boycott généralisé des noms de domaine « .vin » et « .wine ». Elles appellent le gouvernement français ainsi que ceux des Etats membres de l’Union Européenne à informer les consommateurs et à bloquer les noms de domaine qui seront en infraction avec les lois nationales et européennes. Surtout les présidents annoncent une mobilisation plus générale. « Nous découvrons tous les jours que nous ne sommes pas les seuls qui sommes concernés et menacés par l’absence de toute règle sur internet. Certains producteurs de café dont le savoir-faire est reconnu à travers le monde, les règles de production encadrées, ont raison de commencer à s’inquiéter sur la protection du nom de leurs produits (« .coffee »). Le « .food » sera un autre nom de domaine sur lequel il faudra être attentif pour les produits agroalimentaires. Citons pour d’autres secteurs l’appropriation de noms génériques comme « .voyage », « .maison » par l’industrie des noms de domaine. Nous appelons tous les secteurs qui se sentent concernés et impactés à nous rejoindre et à agir avec nous pour demander et surtout obtenir de nos gouvernements une réforme de la gouvernance de l’Internet qui permette d’assurer le développement du commerce tout en préservant la diversité culturelle et alimentaire et le maintien de conditions de concurrence loyale » ont ajouté Riccardo Ricci Curbastro et Bernard Farges.