Les producteurs de vins à AOC ont profité du congrès annuel de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à AOC (CNAOC), qui s’est déroulé les 10 et 11 avril à Avignon, pour tirer la sonnette d’alarme : ils sont inquiets à propos des discussions en cours sur les modalités d’application du nouveau système de régulation des plantations de vigne. Pour eux, la Commission cherche à prendre sa revanche et n’a pas retenu la leçon de la mobilisation des droits de plantation.

En juillet 2013, après la mobilisation sans précédent pendant plus de deux années des viticulteurs, des ministres de l’agriculture européens, du Parlement Européen et des élus locaux, la Commission Européenne est revenue sur sa décision de 2008 de libéraliser complétement les droits de plantation de vignes sur tout le territoire de l’Union Européenne et a accepté la mise en place d’un nouveau système de régulation des plantations. Pour autant, le débat n’est pas terminé puisque la Commission, les Etats Membres et le Parlement Européen débattent actuellement des modalités d’application (actes délégués) de ce nouveau système.

 Inquiets devant l’évolution de ces discussions, les producteurs de vins à AOC ont profité de leur congrès national à Avignon le 10 et 11 Avril sur le  thème des prochaines élections européennes pour exprimer leurs très vives inquiétudes. Ils reprochent à la Commission d’oublier complètement le volet qualitatif de la régulation et de se contenter de fixer un simple pourcentage d’augmentation du potentiel de production. En effet, les règles proposées par la Commission favoriseraient un contournement du système de régulation pour les AOC et les IGP. La plantation de vignes destinée à la production de Vins sans Indication Géographique (IG), ex vins de table, qui était jusqu’alors interdite, deviendrait possible partout y compris sur les zones de production des AOC et des IGP. Les vignes destinées à la production des vins de table pourraient revendiquer l’AOC ou l’IGP à partir du moment où elles respectent le cahier des charges de ladite AOC. Un moyen donc de contourner la régulation stricte mise en place par les AOC depuis de nombreuses décennies.

« Ce projet n’est pas acceptable, il porte à nouveau les germes d’une libéralisation du secteur et pourrait déboucher sur une situation de déséquilibre de nombreuses AOC. On a le sentiment que la Commission cherche à prendre sa revanche! N’a-t-elle pas retenu les leçons de la mobilisation des vignerons ? » se sont offusqués Bernard Farges, Président de la CNAOC et Philippe Pellaton, secrétaire général de la CNAOC et Président du Syndicat des Côtes du Rhône.

Les vignerons ont également débattu de l’application du nouveau dispositif en France. Ils ont rappelé que le principal atout de la filière française étaient ses vins AOC et IGP. Ils ont exprimé de très sérieux doutes quant à la capacité de la France à être compétitive sur le segment des vins sans IG. « Que ceux qui demandent à en planter nous prouvent qu’il y aura des débouchés commerciaux et que les vignerons en vivront bien ! » ont ajouté Mr. Pellaton et Mr. Farges.

Pour finir, les vignerons ont demandé au gouvernement, à la Commission Européenne et aux parlementaires européens de défendre une ligne très dure face à l’ICANN, la société américaine en charge de la gestion des noms de domaines sur internet, et de ne pas accepter que les noms des AOC puissent être utilisés par n’importe qui à travers le monde. « Plus que nos AOC, ce sont nos savoir-faire et nos traditions qui sont menacées par l’ouverture sans règle d’internet et par la création de plus de 1000 nouveaux noms de domaine sans débat et information démocratique ! » ont conclu le Président et le Secrétaire Général de la CNAOC.