Mobiliser les élus est une étape essentielle dans un combat politique. Les organisations professionnelles, en première ligne pour la défense des vignerons, travaillent régulièrement avec les élus pour mener certains combats. Rassembler élus locaux, parlementaires et présidents de départements et régions au service de la vigne et du vin, c’est l’ambition de l’Association Nationale des Elus de la Vigne et du vin (ANEV)  qui porte la voix de la viticulture et des viticulteurs à l’échelon national.

14 mars 2012, au Parlement Européen à Bruxelles. Francis Fabre, secrétaire général de l’ANEV et maire de Domazan, commune viticole du Gard, pousse un chariot rempli de dossiers lourds et épais. Accompagné par les deux coprésidents de l’association Philippe A. Martin, député de la Marne et  Roland Courteau, sénateur de l’Aude qui a aujourd’hui quitté la coprésidence, et par plusieurs parlementaires, ils attendent Dacian Ciolos, commissaire européen à l’agriculture et Martin Schulz, président du Parlement Européen. L’objectif de cette rencontre : leur remettre plus de 1800 délibérations de communes viticoles françaises opposées à la libéralisation des droits de plantation des vignes, le tout  regroupé sous la forme de 4 volumes de plus de 7 cm d’épaisseurs chacun. Lorsqu’ils reçoivent ces délibérations, les deux responsables européens n’arrivent pas à cacher leur surprise : la contestation prend de l’ampleur.  

Un réseau au service des vignerons

Grâce à l’entrée en jeu de l’ANEV, la Commission Européenne a pris conscience un peu plus l’importance de la contestation sur le terrain et de la mobilisation croissante, au côté des professionnels, des élus des territoires. C’est en 1999 que Michel Grégoire, alors député de la Drôme, constate avec d’autres parlementaires l’absence d’un réseau d’élus de territoires viticoles pour défendre la viticulture et les viticulteurs. Vient alors l’idée de créer l’ANEV. « L’ambition de l’ANEV, c’est de porter les revendications du monde viticole vers le monde politique » assure Francis Fabre, le secrétaire général de l’association. «Notre force, c’est ce réseau qui part des villages du vignoble jusqu’à l’Assemblée Nationale, au Sénat, voire même jusqu’au Parlement Européen». L’ANEV compte aujourd’hui 500 adhérents, dont 350 communes viticoles, 110 parlementaires et une dizaine de régions et départements.

Elus et filière viticole : des intérêts communs

L’association s’investit sur les sujets qui sont défendues par toute la filière viticole, comme par exemple la défense de la place du vin dans la société. Lors de l’élection de son nouveau coprésident François Patriat le 28 janvier dernier (voir encadré), les deux coprésidents ont annoncé leur vigilance lors du prochain projet loi de santé publique vis-à-vis d’éventuelles restrictions de la communication du vin sur internet. «Comment une commune viticole pourrait-elle développer son offre oenotouristique si elle ne peut pas valoriser son terroir et ses produits sur internet ? » ont-ils protesté dans un communiqué diffusé suite à l’évènement. « Chaque décision négative pour la filière impacte aussi nos communes : moins de dynamisme économique signifie moins de rentrée d’argent également pour nos communes. Nous avons tout intérêt à défendre la filière ! » Enfin, au-delà des combats politiques, l’ANEV à aussi a cœur de promouvoir les valeurs immuables du vin : culture, terroirs, plaisir etc. Elle remet notamment chaque année le prix René Renou, qui récompense la collectivité qui à le mieux œuvré pour la défense du patrimoine culturel lié au vin. Une voix bien utile pour une filière ou l’unité n’est pas le maître mot.